With deep emotion and generosity flowing from his eyes, Asa Mader is a universal artist, valuable to the sensitivity of SOME/THINGS. The meeting with Asa originates from the beginnings of the magazine itself. In it's first paper edition, we had the honor of publishing still images from his mid-length film with Ana Mouglalis that was selected by Venice and Locarno in 2003.

Several years later, SOME/ONE appears with evidence to reintroduce his universe. Some things current metamorphosis perfectly parallels with Asa's creative evolution over the course of these past years. Asa was Born American but speaks french beautifully, a language he handles with the distinct elegance of "Gens de Lettres." Subtly imperfect but expressed with precision.

Thus I chose to conduct the conversation in French and allowed him to choose his own response; echoing the inspiration he derives from the language of Molière. To leave us the choice- the choice of words-leave it to resonate in a purified huis-clos, that speak volumes.

L’émotion à fleur de peau et la générosité au bord des pupilles, Asa Mader est un artiste universel et cher à la sensibilité de SOME/THINGS. La rencontre avec Asa remonte aux origines du magazine, lors que dans sa première édition papier, Asa nous confie des images tirées de son court métrage avec Anna Mouglalis sélectionné en 2003 à Venise et Locarno. 

Plusieurs années se sont écoulées, SOME/ONE s’impose comme une évidence pour vous rappeler à lui. SOME/THINGS est en pleine métamorphose, ce qui tombe à point nommé puisque pour sa part Asa a trouvé dans son oeuvre de belles évolutions. Asa est américain de naissance mais il parle très bien le français, langue quil manie également avec l’égance caractéristique de gens de lettre. De manière doucement imparfaite et précisément élaborée.

Je choisis donc de mener le fil de la conversation en français et de lui laisser le choix de la réponse pour faire écho à une inspiration quil nourrit de la langue française. Pour nous laisser le choix des mots - leur permettre de résonner dans ce huis-clos épuré - aux volumes conséquents.

The Theory of Attraction 

Our discussion opens with the subtlety of language - Asa admits that he prefers the French word  « réalisateur »  over the English term « director ». He even thinks that in the end, it is maybe the reason why he has always been attracted to France. From his native language, he regrets a less dictatorial version of his professional title, the word conductor being more appropriate or interesting to him. 

Coming from five generations of painters, Asa is the only one amongst his siblings who cannot draw. He grew up as the scientist of the group - passionate about biology and mathematics. In his own private universe, where technology is omnipresent, he was already attracted to the stage and something pushed him towards theatre. Thus in the small city where he grew up, the mere idea of becoming a director was not anchored in reality. 

His interest was sparked by a director in residence at his school - and from this point Asa would never cease to film. The camera was a toy for the boy fascinated by technology and mechanisms.

La théorie de l'attraction

Et c’est sur une subtilité de langage que souvre notre discussion - au terme anglais director, il se préfère le titre plus ouvert de réalisateur. Il pense même qu’au fond c’est peut-être pour cela que la France l’a toujours attiré. Il regrette une version moins dictatoriale de sa position dans sa langue natale, le mot conductor lui paraitrait plus approprié ou plus intéressant.

Issu d’une famille de cinq générations de peintres, Asa est le seul de la fratrie de cinq enfants à ne pas savoir dessiner. Il grandit comme le petit scientifique du groupe - passionné de biologie et mathématiques. Dans son univers bien à lui, où la technologie est omniprésente, déjà il est attiré par la scène et quelque chose le pousse à faire du théâtre. Mais dans la petite ville dans laquelle il grandit, l'idée même de devenir réalisateur n’est pas ancrée dans la réalité. 

Quand la mère d'Asa le porte dans son ventre, elle qui avait toujours peint ou dessiné se prend d'une frénétique envie de faire de la photo. C'est ainsi qu'Asa explique sa singularité parmi les siens et son attirance pour la pellicule. La curiosité piqué à vif par la présence d'un réalisateur en résidence dans son lycée, Asa ne cessera plus jamais de filmer - la caméra comme un jeu pour qui se fascine pour la technique et la chimie.

On the obscure space of all the projections 

 He had the chance to get a solid instruction on the cinematic substance at an early age, by being exceptionally selected to a university course while in his last year of high school.
Reality becomes fiction when he showed his first film to a public - outsider amongst the other students. Shaken by the shared experience through the chemie of film: the act of generosity, the gift; his passion transforms into a vocation and he sees his professional path. 

The magical atmosphere imposed by the movie theatre especially troubles him. Asa describes the movie theatre as a dark enclosed space in which we share a powerful experience with perfect strangers. Never prepared for what the film will show us, we surrender ourselves to the director as our guide, hanging onto the lips and eyes of the actors. 

He talked about this element of danger, of imprisonment. His only way out of a film control is made possible through denial - the gesture pushing the public to get up and leave the room - but that leads to operate a breakup, take an irremediable decision. 

The chaser of vertigos 

In light of his creations, his inclination towards the feminine is visible - of which a diverse palette of format and support offers a wide perspective, but always keeping the idea of building a narrative as the through-line. 

With fierce in-depth analysis and respect, he shared a quick word about his mother - a strong woman who appears as the source of his need to tell stories.

He was only 3 when his parents divorced - and after two years of dispute over custody, he chose to live with his father. He looks back on this decision- the privilege of growing up as an only child - undisciplined and less regulated organization of daily life - of the delicate matter of having hurt the one who had brought him into the world, let alone himself. 

Thus it is as a benediction to this woman, who he witnessed collapsing the day of the verdict- a vertiginous scene that remains engraved in him as the strongest and most cinematic scene ever lived, and as the decisive moment that he would make films and place women at the center of his visions.

De l'obscur espace de toutes les projections 

Il aura alors la chance d’accéder à un enseignement plus solide autour de la matière cinématographique en étant sélectionné à titre exceptionnel alors quil est encore lycéen. La réalité rejoindra la fiction lors qu'il comprend - en montrant à un public son film de fin détude, outsider quil est alors - que sa passion se transformera en une vocation, un métier. Il est transporté par le partage qui s'opère à travers le médium de la pellicule - l'acte de générosité, le don.

La magie de l'atmosphère imposée par la salle de cinéma le trouble particulièrement. Asa évoque l'idée de s'enfermer dans un lieu clos et obscur, de partager une expérience forte avec de parfaits étrangers, de ne jamais savoir ce que le film nous réserve, de se laisser aller au fil conducteur du réalisateur, suspendre aux lèvres et aux iris des acteurs. Il fait état d'un élément de danger, d'enfermement. La seule échappatoire possible à l'emprise d'un film se manifeste par le refus - l'acte qui pousse le spectateur à se lever et partir - mais qui oblige à opérer une rupture, prendre une décision forte.

Chasseur de Vertiges

Son frappant rapport à la féminité se lit à laune de ses créations dont la diversité des formats et supports offre une palette de lecture large, mais qui fera toujours place forte à la narration. Avec force de profondeur et de respect, il nous touche mot de sa mère - cette femme forte qui s'impose comme l'élément originel de son aspiration à la narration. 

Il a 3 ans lors que ses parents se séparent - il est leur seul enfant commun - et c'est à l'issue de deux ans de dispute pour sa garde qu'il choisit de vivre avec son père. Il fait état de cette décision - celle de l'insouciance de l'enfant unique, d'une réalité moins stricte et moins régulée - de la délicatesse d'avoir pu malgré lui blesser celle qui l'a mis au monde également. Alors c'est en hommage à cette femme, qu'il a vue s'effondrer le jour du verdict - scène vertigineuse, vécue à un âge prématuré, qui restera gravée en lui comme la plus forte et la plus cinématique jamais vécue - qu'il fera du cinéma, et placera des femmes au centre de ses visions. 

The Park and the Forest 

Chameleon with a monumental ability to create, Asa seems unfamiliar with the enclosures of reason. His accompanying look is filled with malice for the mischievous spirits in this century. His natural aura would suffice to fulfill the voices of a world without borders. He treats a space as the space treats him: with respect, awareness, and an embodied grace.  He quotes Eluard and Marguerite Duras with a disconcerting fluidity - by mastering their words as much as their philosophies. 

Constantly aware of gender - he observes with regret that his life lacks great characters and that he never tires of having spontaneous new encounters in life, without attempting to understand why. You might think when watching his films that a woman is lurking behind it, though this does not affect Asa, who completely assumes his connection to the feminine; his taste for grace and beauty that he recreates through the bodies of men as well. 

In fact Duras best illustrated its purpose in The Park and the Forest, a metaphor representing Man and Woman. The man is the park with controlled limits, an environment where everything must be in order and clearly defined. The woman is the forest, more freedom, a fertile space for things to grow. Asa's fantasy was impregnated from both these ideals.

On the capacity of observation 

When Asa has to take a moment: to hesitate, to reflect,  to search in his memory, his eyes naturally rise up in the air . Then, conscious of his time of bewilderment, his look falls back on you-enlightened, almost of amused of having realized he just got lost in the conversation-to then beautifully resume and astonish you with how present and alive he is.

Asa is one of those instinctive beings- a sensitive witness to the times - that goes to the core of our reality with enough distance to give their imagination some room. From this disguised podium asa seizes the facts, gestures, and emotions without brutally rupturing or breaking the spontaneity of the moment.

Text by  Charlotte Robert & Photography by Elise Toïdé S/TUDIO

Le Parc et la Forêt

Caméléon à la capacité de créativité monumentale, Asa nous semble bien étranger aux carcans de la raison. Son regard complice est empli de la malice des esprits espiègles de ce siècle et son aura naturelle suffirait à combler les vides dun monde sans frontière. Il traite lespace comme lespace le lui rend - avec respect, conscience et une grâce personnifiée. Il cite Eluard et Marguerite Duras avec une fluidité concertante - en maîtrisant leurs propos tant que leurs philosophies. 

Constamment à l'affût de la gente humaine - il observe avec regret que sa vie manque de beaux personnages et ne se lasse jamais de se laisse porter aller à l'attraction des rencontres, sans tenter d'en comprendre les raisons. Que l'on pense en voyant son travail que c'est une femme qui se cache derrière la création ne le froisse pas - Asa assume sa connexion absolue à la féminité, son attirance pour la beauté et la grâce qu'il recréé aussi bien à travers les corps des femmes que ceux des hommes. 

C'est d'ailleurs Duras qui illustre le mieux son propos à travers la métaphore du Parc et de la Forêt - représentant respectivement l'Homme et la Femme. L’homme comme un parc avec des limites contrôlées, un environnement ou tout doit être en ordre et bien balisé - la femme comme une forêt, plus libre, espace ouvert ou les choses poussent comme elles peuvent. L'onirisme d'Asa s'imprégnant de ces deux idéaux.

De la faculté dobservation 

Si Asa a un moment d’hésitation, de réflexion ou puise dans sa mémoire, il lèvera les yeux vers le plafond, naturellement. Puis conscient de son moment d’égarement, posera à nouveau son regard sur vous - éclairé, presque amusé de réaliser quil vient de s’égarer au fil de la conversation - pour reprendre de plus belle et vous étonner de sa vivacité desprit. 

Il est de ces êtres instinctifs - témoins conscients de leur temps - qui se positionnent au vif de la réalité avec un recul toujours suffisant pour laisser place à leur imagination. De cette estrade camouflée, Asa saisit les faits, les gestes et les émotions - sans opérer de rupture brutale ni casser la spontanéité de leurs déroulements.